L’impermanence du monument

2021

La sculpture a d’abord été présentée sur le parvis de l’église Saint-Roch à Québec par EXMURO arts publics lors des PASSAGES INSOLITES. Elle a également habité le parc de La Berge du Vieux-Moulin à Laval. L’arche d’aluminium est recouverte de centaines de baguettes de pain en papier mâché protégées d’un vernis marin.

La forme de la sculpture est fortement inspirée des arcs de triomphe, ces arcs monumentaux servant généralement à souligner des militaires victorieux ou des événements considérés importants pour les gouvernements en place. Je désirais ramener cet arc à échelle humaine. Les hauteurs de l’œuvre et de son passage ont été déterminées à partir de celles des plafonds et des portes de mon appartement. Appliquer les dimensions d’une architecture commune à celle du grandiose me permet de repenser le monument afin d’appuyer des récits différents de ceux généralement valorisés par son médium et d’ainsi contrebalancer les dynamiques de pouvoir présentent dans l’espace public.

Un élément fondamental de l’œuvre est la figure du pain. Le monument et le pain ayant des temporalités drastiquement éloignées, en les réunissant au sein d’une même œuvre des questions de permanence et d’impermanence se posent. L’hypervisibilité du travail des hommes, représentée dans le monument, vient se confronter à l’invisibilité de celui des femmes, suggérée par le pain. Dans l’œuvre, les baguettes recouvrent la structure à la manière de briques ou de pierres sur un bâtiment.

Le doré vient agir comme un liant entre l’arche et son ornementation. En ramenant cette couleur au populaire par son association au pain, c’est tout son champ symbolique qui est transféré à un milieu qu’elle ne côtoie pas habituellement. Dans le monument, l’or se situe généralement à la pointe de celui-ci, doublant l’inaccessibilité réelle de cette matière d’une inaccessibilité symbolique. Dans L’impermanence du monument, le doré est ramené au sol, il peut être touché et traversé. Il deviendra présence du quotidien pour la communauté gravitant autour du parvis de l’église.

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Photos : Guillaume D. Cyr

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